Notre Histoire

Un peu d’histoire

La partie « histoire » du site constitue la mise à jour d’une publication de 1991, avec une petite réédition en 2008 reprenant les corrections et compléments signalés par les lecteurs attentifs.

Promenade entre Vivarais et Uzège ou Chandolas de la pierre taillée
à l’ « agrotourtique »

Jean-Pierre DALZON
paru aux éditions C. LACOUR – NIMES

Sommaire:

Chapitre  1 : Les temps géologiques
Chapitre  2 : Les temps obscurs
Chapitre  3 : Les Celtes
Chapitre  4 : Les Gallo Romains
Chapitre  5 : Les Arabes et les Carolingiens
Chapitre  6 : Les temps féodaux : les ordres religieux
Chapitre  7 : Les temps modernes
Chapitre  8 : La révolution et l’empire
Chapitre  9 : Le siècle d’apogée : 1815-1914
Chapitre 10 : Le folklore : 1850-1950
Chapitre 11 : La parenthèse : 1914-1918
Chapitre 12 : L’entre deux guerres
Chapitre 13 : La guerre de quarante
Chapitre 14 : Le renouveau et le déclin


Sur cette page, vous trouverez une version abrégée pour le lecteur pressé.


L’histoire de notre petite communauté est marquée par le partage entre deux localités principales, à la fois unies et rivales, constituant deux paroisses :

Chandolas et Maisonneuve.

On aurait donc pu nous appeler Chandolas les deux églises, ainsi que par l’ingratitude des sols pierreux, à l’origine du surnom des habitants (gratte lauzasses, en français gratte cailloux) qui fait oublier une petite plaine très fertile et les superbes falaises du Chassezac.

Le Chassezac à Maisonneuve : signal du Ranc Redon

La présence humaine a laissé des traces depuis le néolithique, avec des traces de grottes habitées; de nombreux dolmens dispersés dans les garrigues sont les témoins des époques reculées.

Les « Gaulois » font leur apparition avec la tribu celte des « volces arécomiques » venus de Belgique et dont la capitale est Nîmes. Les romains ont laissé, avec le patois local (ou l’occitan si vous préférez) l’origine du nom venant peut-être de « gandola » , déformé ensuite en eschandol, eschandolas ce qui aurait pu désigner les cultures en terrasse à présent envahies par une végétation sauvage. Dès cette époque Chandolas est rattaché à la région d’Uzès (l’Uzège) et tourne en fait, le dos au  » Vivarais ». L’église catholique s’impose pour maintenir l’ordre face aux envahisseurs barbares des années  » 500  » (Francs, Wisigoths ? , Burgondes, tout le monde y passe !). L’église de Maisonneuve (qui s’appelait alors saint Laurent d’Avonas) est présente au septième siècle. Celle de Chandolas sera construite plus tard, elle est présente au douzième siècle (on en voit des restes dans l’ancien bureau de Poste). Chandolas aurait vu à l’époque un combat (sans doute des troupes de Pépin le Bref) contre les envahisseurs sarrazins.

Maisonneuve : restes de l’église Saint Laurent d’Avonas

Au moyen-âge le seigneur du lieu sera le Commandeur de Jalès (où l’ordre des Hospitaliers –l’ordre de Malte- succédera à l’ordre du Temple). Le village de Chandolas est un poste frontière entre Vivarais et Uzège. Saint Laurent d’Avonas sera détruit par les routiers et reconstruit (d’où le nom de Maisonneuve). Pendant les guerres de religion, l’église de Chandolas sera démolie par un raid des Protestants.

Ancienne église du XIIème et maison claustrale
Ancienne mairie

L’agriculture évolue et le 18ième siècle verra l’extension du mûrier et des arbres fruitiers en complément des céréales.

Le pont de Maisonneuve, inauguré en 1766, remplace un bac à traille sur la route d’Alès au Puy.
Sous Louis XV, le seigneur sera le bailli de Suffren (il était si gros qu’il avait fallu lui aménager une table spéciale avec une échancrure pour sa bedaine).

Pont de Maisonneuve

Vue générale de Chandolas

Chandolas n’est pas à l’écart des soubresauts de la Révolution. Dès 1735, des habitants se distinguent dans une révolte contre les impôts et en 1783 la révolte des  » masques armés » (qui venaient brûler les papiers et rançonner les hommes de loi) est à noter. Un des habitants de Chandolas finira Baron d’Empire (le baron Thoulouze) mais trouvera la mort à Smolensk (voir chapître 8). En 1790, Chandolas quitte définitivement l’Uzège pour être rattaché au département des « sources de la Loire » qui deviendra l’Ardèche.

L’apogée de la communauté se situe entre 1815 et 1914, avec une pointe à plus de 1000 habitants. Surprise :439 habitants recensés en 2008 (342 en 99…), tendance positive…

L’économie prospère avec l’essor des vers à soie malgré les premières menaces de la  » mondialisation »; (concurrence des soies d’Orient après le percement du canal de Suez).
Deux églises nouvelles sont construites à Chandolas et à Maisonneuve (une troisième est même commencée à Pazanan). La route vers Ruoms est ouverte en 1850. Dans ces années là, la vie politique est marquée par des affrontements sans nuances entre  » rouges  » (républicains) et  » blancs » (royalistes et cléricaux). La guerre de 1870 mobilise quelques habitants contre les  » Prussiens » et … contre l’intérieur (la commune de Paris). La guerre de 1914 avec sa saignée et l’exode des survivants, marque le début d’un long déclin.
A Maisonneuve, la présence d’une route fréquentée favorise l’installation de commerces et d’industries (charronnage, puis automobiles). Un des habitants de Maisonneuve (Jules–Aimé Dalzon) est co-auteur d’un brevet améliorant l’artillerie (canon sans recul) qui sera, hélas, reproduit partout vu sa meurtrière efficacité.

Magnanerie typique
Char à boeufs

Chandolas est une des premières communes rurales à s’équiper de l’eau courante en 1930.

La guerre de 40 est marquée par son lot d’escarmouches, avec une bataille rangée à Maisonneuve en 1944.

L’après guerre voit une période de renouveau, avec la création de coopératives vinicoles dynamiques et l’essor de productions fruitières dans la plaine du Chassezac mise en culture, alors que sont abandonnées les cultures en terrasse.

Mécanisation et concurrence étrangère voient l’agriculture faire place aux activités de loisirs, sans pour l’instant subir les méfaits du tourisme de masse. Chandolas et Maisonneuve sont devenus des lieux de résidence de retraite ou de vacances, avec aussi l’arrivée de jeunes résidants fuyant les villes. Les municipalités s’efforcent de donner vie au tissu associatif local très varié (des boules à la lecture en passant par la chasse) et de désenclaver le village en l’intégrant à une communauté de communes « portes de la Cévennes », devenue entre temps « Beaume-Drobie » (entité administrative qui fonctionne avec des hauts et des bas, il n’est pas facile de gérer les compromis avec des intérêts divergents entre communes de taille, d’économie et de profil d’habitants très divers, ce qui conduit à une difficulté à faire émerger un projet porteur et fédérateur …), ce qui consacre une fois de plus Chandolas comme un village de transition, un trait d’union le long de l’axe de communication constitué par la route d’Alès au Puy, entre la plaine (et le Languedoc) et la « montagne ».
De nouvelles entités ont poussé (pays…) pour créer des espaces de projet dans le cadre des régions.

Pour le futur, des réflexions sont toujours en cours sur les orientations à trouver et, en évitant des constructions touristico-concentrationnaires, essayer de gérer le compromis entre artisanat, industrie, évolution du parc immobilier et équipement associé.

Ancienne borne marquant la propriété des Hospitaliers (ordre de Malte)
récupérée comme pierre de taille
Vue ancienne de la commanderie de Jalès, une des mieux conservée en France (les bâtiments avaient été transformés en locaux agricoles, la chapelle servant d’écurie)

Chandolas, le 31 janvier 2004, mis à jour 26 août 2009 – Jean-Pierre Dalzon