Les premières populations identifiées avant l’arrivée des Celtes aux alentours de 500 ans avant J.C., ce sont les Ligures. En fait cela désigne le mélange des peuples vivant entre l’Italie et l’Hérault (au delà vivaient les Ibères). Une première description de ce peuple nous est parvenue par le géographe grec Posidionos (cité par Pierre Fabre dans son ouvrage sur l’Uzège) : « le sol est tellement pierreux qu’on ne peut rien planter sans se heurter au rocher, le travail est pénible. Les privations leur font le corps maigre et sec; les femmes doivent trimer comme les hommes. Ils compensent le manque de blé par les produits de la chasse … » (écrit un siècle avant J.C., au temps de la république d’Athènes).
Entre 500 et 250 avant J.C. une tribu Celte venue de Belgique par l’Est, puis par la vallée du Rhône, vient alors dans notre région se mêler aux Ligures et formeront le peuple Celto-Ligure. Leur armement en fer leur facilite la conquête face aux tribus qui sont encore à l’âge du bronze.
La tribu Celte à Chandolas n’est pas composée d’Helviens mais de Volces Arécomiques. Ceci va profondément marquer la suite de notre histoire car Chandolas va devenir un lieu de frontière entre deux régions, d’abord entre l’Helvie (dont Alba sera la capitale) et le territoire des Volces. Ces régions gauloises deviendront l’Helvie romaine, et la Narbonnaise, puis le Vivarais (diocène de Viviers) et l’Uzège respectivement. Ce qui fait que notre petit pays n’a jamais fait partie pour l’administration civile du Vivarais comme les communes de Saint Alban, Grospierres, Lablachère …
L’élevage est facile : des moutons surtout, des cochons nourris de glands … et peu de gros bétail.
En fait, la dualité du peuplement primitif (Maisonneuve, ranc d’Avène) se retrouvera dans l’établissement de la population qui va désormais se répartir en deux communautés à la fois unies et rivales :
Chandolas et Avonas/Maisonneuve.
De cette époque restent les « clichés » des gaulois aus yeux bleus, des druides, des sacrifices humains sur les pierres à sacrifice au fond des bois … des bardes …
Il nous reste en vérité quelques noms de lieu ou rivière : le Tanargue, les noms en « ac » (le Chassezac) ou en « ic » (Bourdaric). Il en reste aussi les limites actuelles de la commune. La limite extrême entre les territoires des Volsces et des Helviens est matérialisée par un « signal » : le rocher de Bel-aire situé 1km au nord de Lengarnayre et de Raoux. Le territoire Celte (l’arx) de Chandolas est délimité par ailleurs par les rochers de Ranc rouge, de l’horloge, les vallées du Chassezac et la vallée dolménique vers Font Méjanne.
Le nom Chassezac viendrait peut-être du radical gaulois « Cassinos », lieu planté de chênes. Ce qui laisse à imaginer à l’époque une immense forêt avec des clairières habitées. Ce radical ce serait déformé en « cassanéa » en latin. Au 10ème siècle le Chassezac est nommé « Cassagnaqua fluvia » (la rivière de la chênaie). Le patois local reprendra aussi, souvent par des tournures latines, les noms gaulois, surtout pour ce qui a trait à la vie quotidienne.
Le bachas (abreuvoir) vient du gaulois baca, La cabro vient du gabro gaulois, les lauzasses viennent de lause, les combes viennent du gaulois cumba … ; la transition des langues a été longue et a duré jusqu’au cinquième siècle où le gaulois a rendu l’âme.
Les fêtes celtes nous reviennent d’ailleurs avec Halloween qui nous a été réimporté des états unis via l’Irlande, celà correspond à la fête Celte de Samain qui marquait la fin des récoltes le 31 octobre, premier jour de l’année gauloise, ce jour là marquait le rassemblement des vivants et des morts ; ceci a été récupéré par l’église catholique avec Toussaint et le jour des morts et explique l’agacement de l’église devant le retour de l’histoire avec la mode de Halloween récupérant à son tour la Toussaint. Il n’y a d’ailleurs pas eu solution brutale de continuité entre les religions druidiques, proches de la nature (lieu de culte dans des bosquets, adoration des sources …, animaux symboliques : l’ours- symbole du pouvoir temporel-, le sanglier -symbole du pouvoir sacerdotal-, le cheval qui possède une divinité protectrice la déesse Epona dont le culte se maintiendra très longtemps, le cerf ) et la religion catholique qui a adopté une attitude “ marketing ” en évitant de heurter de front les anciennes croyances pour mieux les contrôler en récupérant aussi :
- Le 23 décembre marquant le solstice d’hiver récupéré au moment de Noël (saint Jean l’Evangéliste)
- Le solstice d’été, marqué par des feux sacrificiels (on enfermait victimes ou matériel à sacrifier dans des constructions d’osier que l’on jetait au brasier) devenu la saint Jean Baptiste qui a conservé la coutume des feux druidiques, le saut du feu remplaçant de façon symbolique le sacrifice d’origine ; le bûcher se retrouve aussi dans les coutumes carnavalesques où l’on condamne ce “ pauvre Carnaval ”
- Les rameaux remplaçant la fête de retour de la végétation
C’est l’origine du mythe de saint Gilles qui arrête le chasseur prêt à lancer sa flèche vers la biche qui nourrissait cet ermite : cela symbolise la tolérance -la biche représentant la connaissance druidique, le chasseur l’ignorance brutale- consistant à protéger les connaissances traditionnelles au lieu de les détruire pour mieux progresser spirituellement
Quelques textes anciens sur les mœurs des gaulois
- Strabon – géographe grec (57 av. J.-C. – 25 ap. J.-C.)
Ainsi un homme avait-il été voué aux dieux, on le frappait par derrière avec une épée de combat, et l’on devinait l’avenir d’après les convulsions du mourant; on ne sacrifiait jamais sans l’assistance des druides. I1 y avait encore, dit-on, d’autres espèces de sacrifices humains: ainsi parfois ils tuaient les victimes à coups de flèches, ou les crucifiaient dans leurs temples, ou bien encore ils fabriquaient un colosse avec du foin et du bois, y introduisaient des animaux domestiques et sauvages de toute sorte avec des hommes, et brûlaient le tout.
- Pline – naturaliste romain (23 après J.-C. – 79)
Il ne faut pas oublier non plus à ce propos l’admiration des Gaulois pour le gui. Les druides, n’ont rien de plus sacré que le gui et l’arbre qui le porte, pourvu que ce soit un rouvre. Le rouvre est déjà par lui-même l’arbre qu’ils choisissent pour les bois sacrés, et n’ils n’accomplissent aucune cérémonie religieuse sans son feuillage, au point que l’étymologie de leur nom de druides pourrait passer pour grecque. C’est un fait qu’ils regardent tout ce qui pousse sur ces arbres comme envoyé du ciel, et y voient un signe de l’élection de l’arbre par le dieu lui-même. On trouve très rarement du gui et, quand on en a découvert, on le cueille en grande pompe religieuse ; ce doit être avant tout au sixième jour de la lune, qui marque chez eux le début des mois, des années et des siècles, qui durent trente ans, jour choisi parce que la lune est déjà dans toute sa force sans être à mi-cours. Ils l’appellent dans leur langue » celui qui guérit tout « . Ils préparent selon les rites au pied de l’arbre un sacrifice et un festin religieux et amènent deux taureaux blancs dont les cornes sont liées alors pour la première fois. Un prêtre, vêtu de blanc, monte dans l’arbre, coupe le gui avec une serpe d’or et le reçoit sur un sayon blanc. Ils immolent ensuite les victimes en priant le dieu de rendre son présent propice à ceux auxquels il l’a accordé. Ils croient que le gui, pris en boisson, donne la féminité à tout animal stérile, qu’il est un remède contre tous les poisons. Tant les peuples mettent d’ordinaire de religion dans des objets frivoles !