Notre Histoire-Les temps modernes

Cette époque va peu à peu voir apparaître des traces écrites et continues de la vie des communautés. Comme de bien entendu c’est l’administration des impôts (qui survivra à tous les régimes) qui va ouvrir le ban, suivie par les registres d’état civil.

Les hospitaliers, bons administrateurs, font établir régulièrement des cadastres -dits Compoix- pour la levée de la taille; cet impôt foncier tient compte du sol, des cultures, des maisons et jardins. Il a été créé par Louis XI et il est relativement juste car il touche aussi les terres nobles. A cet impôt royal s’ajoutent les impôts communaux prélevés par les consuls et les impôts indirects comme la gabelle (impôt sur le sel). Le sel est indispensable à notre organisme, nécessaire pour la conservation des viandes, essentiel pour l’élevage des moutons… Il sera extrait des salines de Peccais en Camargue, remontera le Rhône jusqu’à Viviers et sera stocké dans les magasins (comme celui de Joyeuse) où les revendeurs (regrattiers) s’approvisionnent.

Les hospitaliers, moyennant le versement d’une rente au curé de Chandolas, s’occuperont, en outre, de la perception de la dîme… Tous les compoix, relatifs à Chandolas, ont échappé aux destructions de la révolution. Transmis au grand Prieuré de l’ordre à Saint Gilles, ils se trouveront rassemblés aux archives départementales des Bouches du Rhône, à l’exception de celui de 1655 qui était conservé en mairie de Chandolas. Ces documents portent le nom des notaires et arpenteurs ayant obtenu le contrat d’établissement des « compoix terriers »:

  • 1510 : Senholvert
  • 1555 : Antoine Ferrandi
  • 1608-1613 : Simon Plantin
  • 1638-1639 : Simon Plantin
  • 1655 : Adrien Tallon, Guillaume Dalzon
  • 1677 : Louis Plantin
  • 1705 : Delacroix
  • 1745-1754 : J.J.Bérard, P.H. Pascal
  • 1769 : Thoulouze
Quelques bonnes pages du compoix de 1655, longtemps conservé à la mairie de Chandolas

Au passage, ont été sauvegardés des témoignages des procès de la communauté avec leur seigneur :

  • 1706-1711 : procès contre la communauté pour refus de paiement du cens
    (les cultures ont changé et le seigneur veut en tenir compte)
  • 1707-1710 : procès contre la communauté sur le salaire d’un feudiste et l’aumône des pauvres
    (le feudiste est le spécialiste du droit féodal)
  • 1764-1766 : portion congrue et logement du vicaire
Marque de propriété (borne) des hospitaliers

Les hospitaliers ont des terrains et des terres (et une grange) à Chandolas qui peuvent faire l’objet de baux et de droits de passage pour le bétail (il restera longtemps un pré appelé « pré de Jalès »).
Les terres appartenant aux hospitaliers sont délimitées par des bornes représentant une croix de Malte. Elles ont été récupérées à la révolution pour faire des moellons.
On en voit encore sauvegardées dans l’encadrement de portails.

L’état civil est sauvegardé depuis 1622 (le premier registre est conservé à l’église, les autres à la mairie ; ils ont été enregistrés sur micro-film par les mormons qui en ont cédé une copie aux archives de Privas). Les registres antérieurs ont été transmis à Villeneuve de Berg où ils ont été, semble-t-il, perdus.

Le compoix de 1510 nous indique les patronymes en usage, le document est rédigé en latin, les noms sont latinisés et leur orthographe est peu fiable. Il y a 27 censitaires, ce qui devait correspondre à une centaine d’habitants, n’oublions pas que nous sortons du Moyen-Age et de son cortège d’épidémies … Nous croyons retrouver des « de la Lause (Deleuze?) », des Girbon, des del Serre, des Boissins (Boyssin), Vauclare (Valcaro), Boissel, Raynaud, Dalzon, Roure, Croix ou Groix …

Page de garde du Compoix de 1510 : 15 censitaires seulement

Les prénoms à la mode sont : Guigue, Anthoine, Johan, Symon, Claude … Quatre censitaires (gros propriétaires, chevaliers) ont droit à l’appellation de « maître » (dominus). On retrouvera la plupart de leurs noms au siècle suivant parmi les notables.

Ces notables, ce sont :

  • le viguier : juge et collecteur de l’impôt royal
  • le bailli : administrateur des impôts pour le compte des seigneurs
  • les consuls (équivalent méridional des échevins) : administrateurs de la communauté
  • le curé
  • le tabellion loca : il peut « cumuler » avec les fonctions de collecteur d’impôt …

En effet, il faut connaître le droit féodal pour suivre l’évolution des propriétés et des cultures, connaître les habitants pour pouvoir établir les compoix : on appelle feudiste ce spécialiste. Il est salarié par la communauté pour établir le cadastre servant au seigneur pour le calcul des impôts : on paye pour se faire battre, on va donc chicaner …

Les seigneurs sont propriétaires des droits de passage du Chassezac : en 1552 le commandeur Charles d’Urre cède en « location » les droits pour le bac de Maisonneuve (Ranc de la barque…) et les droits pour le port de pêche ! En 1655, nous retrouvons, aidés par l’étude de M. Schnetzler (R.V. 1965), environ une centaine de propriétaires, soit 500 habitants environ. Le viguier est Anthoine Thoulouze (un nouveau nom…), le bailli Pierre Boissin. Parmi les plus imposés on trouve : Boissin, Boissel, Deleuze, Thibon et Thoulouze. Les noms les plus répandus sont : Boissel, Reynaud, Boissin, Dalzon, Delserre, Bérard, Deleuze, Roussel, Vauclare, Thibon, Chastagnier, Decorbit, Girbon, Platton, Rabier, Ressayre ; il existe également des Bastide, Beaussier, Chalvet, Darasse, Duffès, Fabregoul, Nadal, Nègre …

Le compoix décrit les maisons de chacun, on parle d’escaliers : on habite le premier étage (les étages supérieurs ne seront rajoutés que bien plus tard). Le village ne ressemble pas du tout à ce qu’il est aujourd’hui : des maisons à un étage regroupées autour de l’église (l’école actuelle a pris sa place) et du cimetière attenant, ceci jusqu’à la maison Deleuze, ensuite Vauclare Louis, des jardins avec des puits pour l’arrosage, à l’écart la maison Thoulouze vers le « claoü ».

La carte de Cassini nous indique que les terres labourables se situent autour du village, on se méfie des « plots », inondables ; on cultive aussi la bande de terre entre Maisonneuve et Chaulet, d’autres bandes de terres aux Martins, à Raoux, Langarnayre, Pazanan, La Roche.

Ailleurs on trime sur les terrasses (faysses, accols) pour les muriers, vignes, oliviers, amandiers. Les bois sont repoussés très loin, vers Lablachère. Tout le reste est cultivé ! Ce que l’on cultive en 1655, c’est encore et surtout le blé, la plaine est plantée de châtaigniers, il est mentionné des noyers, des oliviers, des figuiers, mais le murier fait une timide apparition. Par contre la vigne fait l’objet de nombreuses mentions. Il y a aussi beaucoup de jardins.

Le document de 1655 est rédigé en français, nous sommes sous Louis XIV et depuis 1559 François 1er a ordonné l’abandon du latin pour tous les actes. Nous retrouvons donc, à peu près stabilisés, tous les lieux dits, mais certains ont disparu, surtout s’ils sont liés à un nom de propriétaire selon la coutume encore existante de se repérer par l’appartenance : je vais à “ ça du Boissin ” désigne précisément un terrain pour les initiés :

  • Les Raynauds, d’un nom de famille, forme méridionale de Renaut d’origine germanique
    (ragin = conseil et wald=gouverner)
  • Pazanan
  • Langarnayre, l’origine « l’engrenaïre » expliquée par la présence d’un marchand de graine de vers à soie est controversée, le nom semblant antérieur à la création de ce commerce
  • Les Martins
  • Raoux, variante de Raoul du germanique (rad = conseil et wulf = loup)
  • Boylassier
  • Les Celliers
  • Hort de Boudon
  • Champ de l’Hort (champ du jardin, Chanderode ?)
  • Hort de Poux
  • Grand pré
  • Goularade : de goule, grotte ?
  • Champinas
  • Combe Bittard
  • Combe de Boissin
  • Joanage
  • Redonnel
  • la Pauze doit désigner un terrain bourbeux
  • Malibrut, mauvaise bruyère ?
  • la Serre, designe une colline de forme allongée
  • Champvieil
  • les Blaches ou blachas, lieu planté en chêne
  • Bois Chabaud
  • la Boissière
  • Boysserades
  • le chamas, de cham, montagne courbée en forme de coude
  • font Méjeane : fontaine « du milieu » du bois
  • la denaille : désigne chez nous une dépression dans le calcaire qui conduit à la rivière
  • bel aire : désigne un col, un endroit fortement venté
  • le chaussier, endroit où on faisait la chaux ?

Les soubresauts des guerres de religion sont perceptibles : l’église saint Martin de Chandolas est ruinée par les huguenots en 1588 qui font tomber le toit -elle ne sera réparée qu’en 1620- , la commanderie (c’est décidément un symbole, là Bastille locale !) est attaquée en 1627 par les protestants. Ceux-ci seront toujours minoritaires à Chandolas, ils viendront d’ailleurs. Le commandeur avait ses sujets bien en main et devait endiguer les mécontentements. L’église est d’ailleurs le siège d’une confrérie de pénitents blancs.

L’administration se stabilise, ceci jusqu’à la révolution. Nous appartenons au diocèse civil d’Uzès ; pour les finances nous dépendons de l’intendant de Montpellier ; pour la justice de la viguerie haute (ou des Cévennes) sous contrôle du sénéchal de Nîmes ; pour l’armée de la lieutenance des Cévennes, contrôlée par le gouverneur du Languedoc. En ce qui concerne l’armée, l’isolement semble nous faire échapper aux sergents recruteurs et la conscription n’est pas simple dans un pays où il est facile de prendre le maquis.

Ce n’est pas toujours le cas dans les paroisses voisines : dans les archives du notaire de Chandolas, on trouve le testament d’un habitant de Saint Alban, il a été enrôlé dans les armées de Louis XIV et il distribue ses biens avant de partir : « compte tenu des hasards et périls qui lui peuvent arriver pour y décéder » (comme dans la chanson : « partir à la guerre c’est mourir un peu »).

En 1684, c’est la disette, les récoltes sont perdues. Le temps passe, en 1696 des armoiries sont délivrées à la communauté : le blason sera « d’argent à la fasce losangée d’or et de gueules »

Le chef-lieu est totalement isolé des grandes voies de Communication (les chemins balisés par les randonneurs, amateurs de marche à pied, sont les voies principales de l’époque, on y circule à pied, les échanges se font avec la montagne avec des compagnies de muletiers).

L’outil principal pour l’agriculture est la pioche (bêche ou « bicha ») ou avec de rares chars à bœufs, seuls un ou deux notables disposent d’une charrette à cheval pour se déplacer. La région avec ses grottes sert de refuge aux brigands : en 1709, le bandit Fély, terreur locale, s’est installé dans la grotte du Ranc d’Avène. Il sera néanmoins capturé, il a sans doute été épié et dénoncé. Cette année 1709, connut un hiver très rude et les vignes ont gelé.

Le village est toujours centré sur l’ancienne église, bâtiment qui comportait outre une maison claustrale deux nefs (dont une est devenu un gîte rural, on y vit sous des voûtes du XIIIème !  mais il commence à s’étendre.

Les techniques de construction des habitations évoluent ; les maisons primitives étaient toutes de pierres, il suffit de se baisser et de gratter pour obtenir la matière première. La pièce principale est bâtie sur des voûtes servant de cave et d’écurie, cette pièce est souvent l’unique de la maison, elle est voûtée avec de petites ouvertures, elle ressemble à une crypte, et possède une cheminée. Les habitants vivent dehors la journée et s’entassent, le soir venu ou les jours de mauvais temps dans la maison, ils dorment les uns sur les autres après la veillée où ils se racontent des histoires, tout en faisant de menus travaux (éplucher les chataîgnes, tailler des bâtons, tresser des paniers, ravauder …) et en distribuant les informations : « il y a du bon cresson à Font Méjeannes », « tu viendras demain avec moi, pitchounette, je te montrerai comment trouver les truffes en observant le vol de certains moucherons … » ou « tu sais on a vu la Marie-Anne du Joseph à Ranc d’Avène avec le Jeannot du Toinou … ».

Les constructions évoluant, on adjoint au corps initial du bâtiment des pièces annexes, on utilise la technique de la voûte languedocienne : elle est réalisée en briques (les marnes de la plaine fourniront les matériaux), en profil elliptique. La cheminée est dans un des foyers de l’ellipse, la chaleur rayonne et les briques conservent la chaleur, ce sera très pratique pour réchauffer les élevages de vers à soie lorsque le mois de mai sera frais. Accessoirement, lorsque vous chuchotez dans un angle, le profil en ellipse renvoie le son au côté opposé ; ce sera à l’origine de légende : à la commanderie de Jalès « les templiers confessaient ainsi les lépreux ! « 

Par ailleurs, les cultures ont changé, le blé a cédé du terrain face à des cultures plus spéculatives, d’où l’apparition des vergers (beaucoup de noyers) et déjà beaucoup de mûriers. L’élevage des vers à soie (pardon, l’éducation des magnaous, c’est ainsi qu’il convient de parler) apporte de l’argent frais, cela favorise l’inflation. Tout ceci est source de conflit avec le commandeur : (cf R.V.-1987-G.Gangneux) l’impôt est calculé pour des terres à blé, on plantera donc vergers et mûriers dans les champs de blé (on verra encore cela jusqu’aux années cinquante mais les tracteurs et moissonneuses ne pourront pas faire le tour des arbres …). Le commandeur n’est pas d’accord (procès de 1709 à 1710) : « vos arbres font de l’ombre et gâchent mon blé ! Il me faut à présent une part de la récolte de fruits et de rame ! « .


Education du vers à soie et défilage

Chicane pour chicane, l’hiver a été très rigoureux. Le parlement de Toulouse a édicté qu’en cas de « faim dévorante » les aumônes seront taxées pour 1/6. On en profite pour réclamer ce que nous appelons aujourd’hui une subvention, soit une réduction de dîme de 1/6 pour venir en aide aux nécessiteux. Le commandeur prétend qu’il a lui-même tant donné en aumônes que les pauvres le soutiennent face aux consuls ! L’inflation est déjà le prétexte donné au consul Jacques Silhol pour accroître les impôts. La crainte des frais de procès et la division des habitants, exploitée par le commandeur, viendront à bout de la résistance des réfractaires à l’impôt …

Cependant les voies de communications commencent à s’améliorer : à Maisonneuve le bac (et le port de pêche qui va avec !) a vécu ; en aval du ranc de la barque va s’ériger le « pont de Maisonneuve ». Cet ouvrage est réalisé en pierres de taille, elles sont numérotées et portent la marque de chaque compagnon tailleur de pierre. L’inauguration de cet ouvrage, financé par les états du Languedoc, aura lieu en 1766. Cela sera la seule tentative durable de franchissement de la rivière; il y eut longtemps des vestiges de pont au gourd de musi, il y en a encore à Chaulet, mais les gens de Casteljau n’ont jamais eu de chance avec leurs ponts car la rivière les a tous emportés, seul le pont de Maisonneuve a tenu le coup.

Il faut préciser que l’ingénieur Pommier était un redoutable expert en ponts, il avait choisi l’emplacement plus en aval que le bac, suspectant des cavités souterraines à cet endroit, ce qui a été confirmé lors d’une campagne récente de sondages destinée à étudier le mécanisme des pertes d’eau dans le Chassezac !

Sous Louis XVI, le seigneur de Chandolas, le commandeur de Jalès, sera le bailli de Suffren, célèbre marin qui s’est illustré dans la guerre maritime avec les Anglais pour le contrôle des colonies indiennes. Ce personnage était connu pour sa corpulence ; on raconte qu’à Jalès il avait fallu aménager une table avec une vaste échancrure pour loger confortablement sa bedaine.

Le bailli de Suffren
Le château de Jalès avant la révolution

Pendant ce temps l’éducation s’est progressivement répandue, vers 1650 sur les registres d’état civil il y a très peu de signatures, ceci va s’améliorer et cent ans plus tard beaucoup savent écrire… L’enseignement est organisé par le clergé, le « précepteur de la petite jeunesse » (nom du maître d’école à l’époque) apparait comme témoin d’actes d’état civil (il s’appelle Joseph Pertus), dès 1714. Il est salarié de la communauté ; il apprendra le catéchisme, à lire, à écrire et à compter. Malgré l’absentéisme (en mai, il faut « aller à la rame » : ramasser la feuille de mûrier pour les vers à soie, il faut aller garder, il faut aider pour la tuade du cochon, il faut aller lier les gerbes, « parer les boeufs » : chasser les taons pendant que les hommes chargent les charrettes…). On peut considérer qu’il y a relativement peu d’illettrés à la fin de l’ancien régime. Les religieuses s’occupent de l’instruction des filles, on les appelle les « maîtresses des petites écoles ».

Les premiers craquements de l’ancien régime se font sentir. Dès 1735, une manifestation contre la disette et la lourdeur des impôts est signalée ; un millier de paysans venus de Chandolas, de Saint André Lachamp, de Sanilhac, de Montréal envahissent Joyeuse, la nuit du 4 septembre, ils s’en prennent à un collecteur d’impôt François Boissin. Les meneurs seront pris et condamnés à être pendus ; ils s’évaderont tous et ne seront pendus qu’en effigie.

Plus tard, des habitants de Chandolas seront impliqués dans la révolte des « masques armés ». En 1783, la commission d’enquête sera de passage dans la paroisse (on attend les dénonciateurs, cette procédure est très efficace ; elle a été reprise sous une autre forme par le fisc et c’est encore en vigueur sous le vocable de « répartiteurs » . Le soir, notables, notaires et avocats ont reçu la visite d’une troupe de gens masqués (ou le visage mâchuré de suie).

Homme de loi sous l’ancien régime
(Channac : Tournayres, puis Toul)

Chez les Channac, à Casteljau, des coups de feu sont tirés, un chien est tué, on réclame des sous. Le fils de la maison, menacé d’un pistolet, doit réciter son confiteor, on leur paye à boire et ils quittent les Tournayres, plus de peur que de mal. Les minutes d’un tabellion, le feudiste Bérard de Chandolas, sont brûlées (il a du faire la quête dans les maisons alentour pour trouver la somme de 4 livres pour se délivrer des masques…).

La ville de Joyeuse se barricade, tremblante de peur. L’ordre sera rétabli par un fort envoi de troupes. Le seigneur d’Alzon, au service du frère du roi, se déplace pour se renseigner, il constatera les abus des hommes de loi, une des causes de l’insurrection. Puis la justice passe, on pendra ou rouera les meneurs (ceux que l’on a pu attraper), sur la place de Grave aux Vans, tandis que les moins compromis iront ramer neuf ans sur les galères du roi (la Méditerranée avait alors d’étranges touristes !). On suspectera certains nobles, jaloux des avocats, qui « auraient peut-être allumé le feu pour avoir le mérite de l’éteindre », M.Bastide de Malbosc est particulièrement visé.

Pour calmer les esprits, le roi accordera « 50.000 livres de secours, par moitié au Vivarais et à l’Uzège, à l’occasion des attroupements de gens armés et masqués pour établir, dans le voisinage, des lieux où ils se sont formés des ateliers de charité ». Des chantiers publics emploieront des indigents : les routes de Joyeuse à Aubenas et à Ruoms.

En août 1788, les états généraux sont convoqués. Necker a accordé le doublement de la représentation du Tiers Etat. La préparation commence par la rédaction des cahiers de doléances dans chaque paroisse. Pour le diocèse, il y aura trois assemblées importantes :

  • le 23 décembre 1788 à Uzès : 550 députés sont présents
  • le 29 décembre 1788 à Nîmes : 64 communautés sont représentées
  • le 08 janvier 1789 à Uzès
    L’hiver est terrible cette année là, les routes sont bloquées par la neige; ceci explique une faible participation (37 députés seulement) et peut-être l’absence du cahier de doléance de Chandolas, alors que ces cahiers ont été retrouvés aux archives de Nîmes pour les autres communautés voisines de l’Uzège. A Berrias, on se plaignait déjà de la concurrence étrangère (coton et mousseline concurrencent la soie locale : la mondialisation !)