Bien entendu les seuls témoins de ces temps là, ce sont les pierres et les paysages. Les pierres, elles vont vous poursuivre tout le long de cette histoire : ce sont elles qui feront le paysage et façonneront ses habitants.
Chandolas est situé à la limite entre les calcaires du crétacé inférieur de l’époque secondaire et les calcaires massifs séquaniens qui constitueront le paysage typique des Gras, plateaux arides revenus à la garrigue à présent que leur culture a été abandonnée.
Il y a 150 millions d’années nous étions donc ensevelis sous la mer secondaire au fond d’un large golfe qui devait remonter jusqu’à l’emplacement d’Aubenas et à un moment donné nous avons dû nous retrouver en bord de mer. La poursuite du retrait de la mer secondaire nous a alors privé du privilège de pouvoir être une station estivale ou un port de pêche.
Chacun d’entre nous peut cependant retrouver le souvenir de cette époque. Cassez quelques pierres prélevées sur un éboulis résidu d’une ancienne terrasse, votre patience sera vite récompensée. Dans l’éclatement du caillou miné par le gel, il n’est pas rare de voir apparaître un fossile, le plus souvent il s’agira d’ammonites. Mais, avec plus de chance, vous découvrirez une géode, couche de cristaux enchâssée dans une cavité du calcaire.
Le paysage sera profondément marqué, en dehors de petites plaines fertiles, par les plateaux calcaires perméables de nos « gras » (du latin « gradus » : dalle de pierre) dont la nature explique la disparition de l’eau en surface.
Des vallées sans eau creusent le plateau, drainant, les jours d’orage, le ruissellement des terres durcies par la sécheresse.
La rivière Chassezac disparaît dans les fissures du sol à Maisonneuve au « trou de Saint Victor « …(et ceci semble avoir été accentué par l’ exploitation intensive des prélèvement et des gravières durant les dernières décennies).
La circulation de l’eau devient souterraine. On le voit à Chandolas, à la fontaine vauclusienne de Pelouze où il y a le ruisseau à quelques mètres de profondeur. Le puits, situé au centre du village (face à la maison Vauclare), débordait les jours d’orage alors qu’il est situé sur un point haut.
Une rivière souterraine circulait dans la plaine, au pied de la colline du Chamas (mais il semble qu’une tentative maladroite et brutale d’exploitation ait conduit à une dérivation de ce cours d’eau que l’on entend plus couler comme autrefois au fond du trou de Fontanille, une résurgence apparaît lors des grandes pluies un peu plus bas, comme une source vauclusienne). Une autre caractéristique du paysage calcaire, qui peut être admiré à Maisonneuve, là au « gourd de musi » commence le canyon du Chassezac, creusé par l’action conjuguée de l’eau et de l’effondrement des anfractuosités de la roche. Si vous ne craignez pas le vertige, vous pourrez, en partant du chemin du gourd de musi, emprunter le sentier qui suit la crête de la falaise jusqu’au village de Chaulet.
En partant vous aurez pu visiter la curieuse grotte à double accès, appelée « grotte de l’Auguste » car elle appartenait autrefois à Auguste Reynaud . Ancien abri, elle avait été, un temps, aménagée en résidence d’été par de modernes troglodytes (il fallait vérifiez avant d’entrer qu’il n’y avait personne et respecter le cas échéant la réserve de boisson, à présent la sortie débouche sur le jardin d’une maison …).Un peu plus bas vous trouverez un autre porche de grotte abri, mais il faut chercher…
Du sentier, on peut découvrir le panorama de la vallée en contre-bas avec la rivière miroitante et les Cévennes à l’horizon. En dessous de nos pieds se trouvent les fissures où disparaît la rivière (au trou de Saint Victor).
La descente vers Chaulet s’effectue par un raccourci qui emprunte une faille dans la falaise, au pied de la grotte de la « Poursterle ». Pour les amateurs de la préhistoire, ou d’escalade, plusieurs grottes jalonnent le parcours, la plus curieuse est celle du « ranc rouge » qui s’ouvre au pied d’un rocher de couleur ocre à mi-falaise.
Chemin faisant, vous n’aurez pas manqué de remarquer une autre curiosité géologique : le « ranc redon », ce rocher circulaire s’est trouvé totalement détaché de sa falaise dont il est séparé par un précipice et il a été surmonté le 20 août 1910, à l’occasion des réjouissances rassemblant plus de 400 personnes lors de la fête de Maisonneuve, d’un drapeau métallique le transformant en un gigantesque signal.
Si l’on revient en aval la rivière passe dans la plaine des « Plots » et les falaises reviennent à « La Roche » et ensuite au « Ranc d’Avène ».
Là on peut voir une curiosité naturelle : au dessus de la route, en vous tordant le cou, vous verrez une concrétion de pierres dures et blanches (silex ?) en forme de statuette : « la vierge du ranc d’aven ».