C’est la guerre mondiale, cette fois c’est sérieux, c’est la mobilisation générale, tous les hommes partent ; les femmes devront se débrouiller seules avec les plus anciens.
Le moral est maintenu au plus haut, regardons les lettres d’un soldat rassemblé avec ses camarades à Pont Saint Esprit. Elles nous apprennent qu’une partie de la compagnie est déjà montée et que chacun attend avec hâte son tour ; ce ne sera pas long, qu’on en finisse !
Quelques mois plus tard, notre soldat est monté en ligne du côté de l’Argonne ; on monte au combat en pantalon rouge, tout son barda dans le dos, bidon, gamelle. L’adversaire est invisible mais les balles sifflent, c’est donc ça la guerre, cette angoisse… Il y en a qui tombent et puis c’est son tour; une balle dans la jambe. Brancardiers, pansements rapide, évacuation vers les hôpitaux de l’arrière. La famille a été prévenue par télégramme, le facteur va en prendre l’habitude, elle envoie un parent aux nouvelles. Finalement notre soldat aura de la chance, on ne lui coupera pas la jambe, mais la guerre est finie pour lui ; ses camarades correspondent avec lui et envie son sort. On patauge dans la boue, on s’est résigné à la durée des « hostilités ». Certains écrivent de loin sur des cartes exotiques : d’Alexandrie, de Grèce, des Dardanelles… Il fait froid en Grèce, on dérobe la couverture des mulets de la colonne pour ne pas périr de froid, les mulets seront mangés.
La correspondance militaire évoque l’alliance avec les Anglais, alliance nouvelle et pas évidente après les guerres de l’Empire et les rivalités coloniales. C’est l’occasion de découvrir les nouvelles techniques, l’automobile, l’aviation et aussi de nouveaux modes de vie, on parle et on écrit beaucoup. La guerre aura eu pour conséquences de renforcer les liens de la communauté et des familles.
Les lettres étaient très importantes pour rassurer la famille, si on écrit c’est qu’on est toujours vivant, les soldats parlaient peu des combats (pudeur, censure ?), cela suinte l’ennui, la résignation.
Le maire, averti par le télégraphe, est chargé de prévenir les familles des blessés et tués, quand on le voit sortie endimanchée, chacun guette sur qui est tombé le mauvais coup…. L’école publique de Maisonneuve pendant la guerre, l’institutrice Mme Jouanard est aidée par une jeune normalienne, son mari qui tenait la classe des garçons étant mobilisé.